Toxine Botulique
Bavage / Syndrome de Frey
BAVAGE
Le bavage est une perte non intentionnelle de la salive par la bouche. Il est rare que le bavage soit secondaire à une production excessive de salive, comme lors de la prise de certains médicaments (antipsychotiques, agonistes dopaminergiques), les infections de la cavité orale ou encore la rage. Le bavage est en réalité secondaire à des troubles de la déglutition, souvent aggravé par un trouble de la posture, et une incompétence labiale. Il survient dans un contexte de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson, la paralysie cérébrale, la sclérose latérale amyotrophique (SLA), un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral et les maladies neurodégénératives. Le bavage a un impact négatif sur la qualité de vie des patients et des aidants. Il est à l’origine de difficultés lors de l’alimentation et l’élocution, de lésions péri-orales, et de pneumopathies d’inhalation. Plusieurs traitements du bavage ont été décrits : les anticholinergiques comme l’atropine, la scopolamine, et le glycopyrrolate, le traitement chirurgical comme la submandibulectomie, la ligature ou le déroutage des conduits parotidiens et submandibulaires, la radiothérapie et enfin les injections de toxine botulique.
Les injections de toxine botulique dans les glandes salivaires pour le traitement du bavage sont utilisées depuis 1997. De nombreuses études ont démontré l’efficacité des injections de toxine botulique dans la SLA et la maladie de Parkinson. En 2019, le laboratoire Merz Pharma GmbH & Co (Francfort, Allemagne) a obtenu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) européen des injections de la toxine botulique XeominÒ dans le traitement du bavage d’origine neurologique chez l’adulte.
La toxine botulique est injectée dans les glandes parotides et submandibulaires de chaque côté, par voie transcutanée. Selon les équipes les injections se font par repérage anatomique (palpation) ou sous contrôle échographique. Le guidage échographique est à privilégier car il permettrait d’obtenir un meilleur résultat thérapeutique. La durée de l’efficacité de la toxine botulique dans cette indication est d’environ 16 semaines. L’intervalle entre chaque séance est à adapter selon les besoins de chaque patient.
Les effets indésirables liés à l’injection de toxine botulique sont une salive épaisse et la survenue d’un hématome. Les injections doivent être réalisées avec précaution lorsque le patient souffre de troubles de la coagulation ou est sous traitement anticoagulant par crainte de la survenue d’un hématome dyspnéisant de la région de la glande submandibulaire. Une diffusion ou une injection mal ciblée de la toxine botulique peut paralyser transitoirement les muscles géniohyoïdiens et mylo-hyoïdiens et engendrer des troubles de la déglutition et une pneumopathie d’inhalation. Les patients et leur entourage doivent être informés avant l’injection de la possibilité de survenue de tels effets secondaires.
Le traitement par injection de toxine botulique dans les parotides et les glandes submandibulaires est le traitement à envisager en première intention dans le bavage de l’adulte ; c’est un traitement sûr et efficace.
SYNDROME DE FREY
Le Syndrome de Frey ou syndrome auriculotemporal est une complication survenant après un traumatisme ou une chirurgie de la région parotidienne. Il a été décrit par Lucie Frey en 1923. Il survient dans approximativement 4 à 62% des cas après parotidectomie et 6 à 18 mois après l’acte chirurgical.
Le Syndrome de Frey est secondaire à une réinnervation aberrante des glandes sudoripares et des vaisseaux sous cutanés du territoire du nerf auriculaire par des fibres parasympathiques normalement destinées à la parotide et traumatisées par l’intervention chirurgicale.
Les symptômes du Syndrome de Frey sont un érythème cutané, une chaleur et une sudation préauriculaire en réponse à la mastication ou la salivation. Les symptômes peuvent conduire à un inconfort, une anxiété et un évitement social. Le diagnostic se fait le plus souvent par l’interrogatoire. On déclenche ensuite le stimulus salivaire en demandant au patient de mâcher du citron ce qui révèle les zones de sudation.
Il existe des traitements médicaux pour améliorer les symptômes une fois apparus : antitranspirants locaux, application d’anticholinergiques, injection d’alcool, de glycopyrrolate, et de toxine botulique. Actuellement, la toxine botulique est l’agent injecté le plus répandu. Utilisée depuis 1995 dans le Syndrome de Frey en injections intradermiques , des études ont montré que les patients bénéficiant d’injections de toxine botulique avaient une amélioration de leurs symptômes et de leur qualité de vie. Aucun effet secondaire n’a été décrit dans la littérature même si théoriquement il existe un risque de parésie faciale due à la diffusion de la toxine botulique dans les muscles de la mimique.
Les injections intradermiques de toxine botulique peuvent être aujourd’hui considérées comme le traitement de choix du Syndrome de Frey car c’est un traitement simple, efficace, rapide et avec peu d’effets secondaires.